La Commission des comptes de la Sécurité sociale a communiqué en septembre les prévisions concernant les départs en retraite anticipés pour longues carrières en 2017. Les chiffres devraient atteindre un niveau record…
L’âge de la retraite recule, les départs anticipés se multiplient
En 2017, près de 300 000 Français devraient être autorisés à profiter d’une retraite anticipée, soit une hausse de 32 000 personnes par rapport à 2016.
Oui, l’âge de la retraite a été repoussé avec le relèvement progressif de l’âge légal de départ à 62 ans, ajouté recul de 65 à 67 ans de l’âge pour bénéficier d’une retraite sans décote. Cependant, les personnes ayant commencé tôt à travailler font valoir de plus en plus souvent leur droit à la retraite anticipée.
Selon la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse (CNAV), les bénéficiaires de retraite anticipée ont cumulé 176 trimestres (dont 45 au régime général), soit bien au-delà des 166 trimestres exigés pour être éligible au taux plein. Par comparaison, les retraités du régime général ont en moyenne cotisé 147 trimestres tous régimes confondus (dont 111 au régime général),
Au-delà de la volonté d’un « repos bien mérité » après des carrières de longue durée, ce phénomène puise ses racines dans les nombreux assouplissements du dispositif de départ à la retraite anticipée enregistrés au cours de ces dernières années.
2 mesures à l’origine de ce « boom »…
Les décrets gouvernementaux publiés depuis 2012 ont en effet accéléré cette vague de départ en retraite anticipée :
- 2012 :
- relèvement de 18 à 20 ans de l’âge de début d’activité permettant à un assuré présentant une carrière complète de faire valoir ses droits à la retraite à 60 ans au lieu de 62 ans,
- annulation de l’obligation de cotiser plus que la durée légale.
- 2014 :
- élargissement du champ des trimestres pris en compte dans la période cotisée : la période d’invalidité ou maternité à hauteur de deux trimestres, notamment.
Signalons en plus de ces décrets les mesures récentes sur la pénibilité du travail qui ont engendré de nouvelles opportunités de départ « avant l’heure ».
Résultat : depuis 2014, le nombre de bénéficiaires de la retraite anticipée pour longues carrières (RALC) a grimpé de près de 60%. Bien sûr, cela n’est pas sans conséquence sur les pensions versées : elles atteindraient 3,22 milliards d’euros en 2017 contre 2,7 milliards en 2016 et 1,95 milliard en 2014.
Même si les mesures décidées par le Gouvernement peuvent paraître logiques pour ménager les Français ayant commencé tôt à travailler, les avantages octroyés ont été probablement trop « généreux ». Cela représente à la fois un poids pour les actifs et un frein à la croissance. Une marche arrière est sans doute souhaitable, d’autant plus que le recul de l’âge de la retraite va dans le bons sens pour tenter remettre les caisses de retraite à flot. Et imiter ainsi nos voisins européens supportant apparemment plus facilement les carrières longues que chez nous…
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