Chacun de nous au cours de sa vie se trouve confronté à la perte d’un proche. Période difficile, le deuil permet d’apprendre à vivre sans l’autre. Un travail nécessaire et salvateur
Bouleversement émotionnel, fatigue intense, tristesse, sentiment de vide, réminiscence de souvenirs… sont autant de signes du « travail de deuil ».
Un processus psychique indispensable
Ce travail consiste en un réaménagement des liens qui existaient avec la personne défunte, des liens à l’autre qui étaient extérieurs, et qui vont être intériorisés.
Indispensable, ce processus permet de continuer à vivre en pensant à la personne défunte sans souffrance.
Il est inconscient et se fait en nous, malgré nous, et c’est un processus psychique qui demande du temps et de l’énergie. Ce n’est pas « oublier ». Cela passe au contraire par le souvenir de la personne décédée et par le fait de parler de la personne défunte. C’est vivre, ressentir, traverser les émotions engendrées par la perte. Des liens perdurent donc, ils vont simplement changer de forme.
Les réactions, dans leur forme et leur intensité, seront fonction de la relation qui préexistait avec la personne défunte, des circonstances de sa mort, de la personnalité comme de l’histoire de la personne confrontée au décès d’un proche.
Un cheminement qui vous est personnel
Le temps d’un deuil est variable et singulier. On retrouve néanmoins certaines généralités. La durée de ce travail de deuil s’étale au minimum sur une année. Il s’agit du temps, pour la personne, de revisiter les dates anniversaires jusqu’à celle du décès.
La personne va traverser différentes phases. Un sentiment de choc est la plupart du temps ressenti immédiatement après l’annonce du décès, même si la mort était prévisible. Une impression d’anesthésie affective, comme si on ne ressent rien, peut aussi être présente, ou au contraire un débordement émotionnel.
Le déni prédomine et c’est une manière de se protéger de la perte en refusant la réalité. Les personnes disent souvent « ce n’est pas possible », « je ne peux pas y croire ».
Les premières confrontations à l’absence suivent, avec le caractère définitif de la séparation, et la souffrance qui y est associée. C’est le temps du passage en revue de tout ce que l’on ne pourra plus faire avec la personne défunte, des souvenirs, objets et situations qui nous la rappellent, et du bouleversement des repères du quotidien.
Peu à peu, en parlant du défunt, en se souvenant nous pouvons intérioriser sa présence. On entend souvent dire qu’« il ne faut pas ressasser ce qui est douloureux ». Au contraire : plus on en parle et plus le travail du deuil s’accomplit.
C’est dans cette phase que la transformation du lien avec la personne disparue commence. A noter Les sentiments de tristesse, colère, et culpabilité prédominent, et peuvent conduire la personne à s’isoler.
L’acceptation vient en dernier et correspond au terme du travail de deuil. La présence du défunt est intériorisée, le quotidien se réorganise avec de nouveaux repères, des projets peuvent être réinvestis.
L’entourage : une présence essentielle
Ce cheminement n’est pas linéaire : les personnes vont le plus souvent faire des allers-retours entre ces différentes phases. La présence de l’entourage, aidant et disponible, est primordiale.
On constate fréquemment qu’après une période de forte présence autour du décès, les visites et le soutien de l’entourage se font plus rares au fil du temps. On ne sait pas toujours quoi faire ou quoi dire, on peut avoir peur d’être maladroit. A noter Rester à l’écoute avec patience, et proposer de maintenir une présence sont autant de piliers du soutien.
Je n’arrive pas à faire mon deuil je fais quoi ?
En parallèle du soutien de l’entourage, voici quelques pistes pour s’aider soi-même durant cette période de fragilité :
- s’appuyer sur des rituels,
- savoir demander de l’aide et la rechercher,
- exprimer ses émotions,
- se laisser du temps,
- prendre soin de soi,
- repérer ce qui est une ressource pour soi.
Parfois des complications peuvent survenir au cours de ce travail de deuil. Le processus du deuil ne s’enclenche pas, ou se bloque. Il peut être alors utile de se faire aider en s’adressant :
- à des associations de bénévoles qui proposent différentes formes de soutien ou d’activités destinées aux personnes endeuillées. Chacun pourra choisir celle qui lui convient le mieux (travail par la parole en individuel ou en groupe d’entraide, cafés deuil, relaxation…),
- à des professionnels médecins, psychologues ou psychiatres.
Par Sophie Sitri, psychologue-clinicienne
En savoir plus sur les associations de suivi de deuil :
- Fondation Oeuvre de la Croix Saint-Simon
Centre de Ressources National soins palliatifs François-Xavier Bagnoud
Formation, Animation et Recherche
6 avenue du professeur André Lemierre
75980 Paris cedex 20
Tél. 01 49 93 64 40
Email : fxb@croix-saint-simon.org - L’association vivre son deuil: www.vivresondeuil.asso.fr/